Mon Fils
Du haut du sommet de la montagne, la, je garde mon troupeau. Il est nourri, ne manque de rien. Parfois certains moutons se risquent à tomber dans le proche ravin, mais cela ne me fait pas ombrage car ils sont si nombreux que je ne les comptes plus.
Mon chien « fidèle » les gardes, les surveilles, et par tous moyens les protèges. Parfois il les effraye et cela me fait peur. Petit à petit mon troupeau s’est agrandi aux cours des années. Je ne trouvais personne à qui donner mes agneau, ni même à qui les vendre. J’attends toujours l’époque des pâturages avec grande impatience, et délaisse derrière moi ma famille, ma maison, et repars vers une nouvelle aventure.
Ils sont tout pour moi. Pendant très longtemps, je n’ai des nouvelles de personne, pourtant aujourd’hui j’attends quelqu'un ! C’est mon fils, le plus fort, le plus courageux de tous qui doit m’amener des nouvelles du village.
Je scrute au loin la verte vallée me protégeant du soleil de la main.
Il est deux heures de l’après-midi et nous sommes Dimanche. Je sais que chaque fois, ce jour, ils vont à la messe de dix heures et demie, mais seulement, mon fils ce Dimanche là s’est levé tôt pour venir me rejoindre avec un peu de nourriture et du courrier.
J’attends des nouvelles de mon frère qui est partis pour la capitale. Il y est allé bien longtemps après la mort de mes parents et de ma grand-mère. Mon grand-père, lui, est encore en vie, et est avec nous dans la maison et s’occupe du bois à refendre pour alimenter le feu de la cheminée et du poêle.
L’année dernière j’étais parti un peu moins chargé, avec moins de bêtes, et j’étais resté moins longtemps, ce qui avait fais plaisir à ma famille et ma femme que j’aime. J’ai aussi une petite fille, une galopine qui ne pense qu’à faire des bêtises et à s’amuser, mais je sais qu’elle est bien chaperonné.
A cette heure là ma femme doit se reposer. La vaisselle faites et bien rangée, ou brode un des nombreux napperons qu’elle aime vendre sur le marché.
Que les chants d’oiseaux sont jolis et m’apaise.
J’appelle « fidèle », qu’il me tienne compagnie, et je le caresse longuement. Je suis fière de lui comme j’étais tout autant fière de mon père il y à longtemps, quand je l’entendais héler son troupeau. DIEU seul sait que je l’ai fait souffrir. Ce n’était que brimades et jurons pour m’apprendre le métier, et ma mère séchait mes larmes dans ses jupons. Mais il a fait un très beau travail et je sais que mon fils aimera ce travail. Il est deux heures et demie, et la tête tournée de côté vers la vallée, je ne le vois toujours pas venir. (Pourvues qu’il ne lui sois rien arrivé en chemin).
Voila maintenant trois mois que je suis parti et je ne suis pas lassé, un peu comme un ermite, qui trouve un certain apaisement dans son exil.
Il est bientôt trois heures. Toujours personne. J’abandonne mon banc de pierre et me dirige vers le puits pour tirer de l’eau pour les agneaux.
L’eau est fraiche. Je m’en recouvre les cheveux et le visage, cela me fait du bien car le soleil est intense. Tout en marchant sur le chemin du retour, je tourne la tête vers la verte vallée, et distingue au loin une tache noire qui se dirige en direction du troupeau.
J’envoie « fidèle » dans cette direction. J’ai hâte que cette tache noire se fasse image à mon regard, et plus cette tache avance, plus je réalise, qu’au fond de moi je me trompe.
C’est mon épouse qui vient à moi. Aujourd’hui elle n’est pas allé à l’église, ou sûrement pour disposer un ou deux cierges dans la petite chapelle de la vierge, qui veille sur nos parents défunts, et surtout pour les enfants que nous n’avons pas pus avoir malheureusement et c’est une très grande souffrance, et elle ne m’en veut pas.
Isabelle s’approche de moi et me demande si tous vas bien ?
Je lui répondis oui merci, et lui tint compte du troupeau bien en place, tout en déposant un doux baiser sur son front ridé et parsemé de taches de rousseurs.
Elle sortit de sa musette de cuir que grand-père lui a fabriqué, une bonne miche de pain et une bouteille de cidre.
« Fidèle » rongeait son os, nous avions mangé et nous sommes resté allonger au soleil jusqu’au soir.
jérôme