ARGILE 1
Je ne peux que vous imaginer, qu’en l’argile qui se tord par mes mains calleuses, le temps que je mettrais à vous faire prendre forme. Mon essence ruisselle le long de cette forme compacte, un peux comme une stalagmite perdue en plein d’une grotte profonde. Je vous veux belle et posée, comme un ange, dont le destin a tracé pour chemin la route du paradis.
Je m’écarte un instant et m’éloigne, vous délaissant pour mieux m’exalter. Je veux déjà vous faire découvrir à d’autres qui font comme moi, essayant de créer de toutes manières et sous mille formes, de mille et une façons. Mon œuvre sera belle je le sens car j’ai pour habitude de modeler cette terre si difficile à dresser.
Mais aujourd’hui c’est vôtre anniversaire, celui de vôtre dépars vers un autre univers. Vous étiez très malade, vous n’avez pas souffert, et plus rien n’étais possible pour vous retenir.
Et je me retrouve seul face à cette couleur qui depuis longtemps ne m’effraie plus. Plus je m’éloigne de cette masse, plus l’envie me vient de tout recommencer. Dès lors je pense que je ferais mieux « c’est paradoxal ».
J’en profite pour refermer la porte de l’atelier qui reste toujours battante. Un courant d’air frais me glace les doigts de temps à autre, mais un sentiment de chaleur m’envoûte quand je pose mes mains sur cette terre, et je sais que la température du four me donnera la vraie couleur.
Ce four, c’est vous qui me l’avez offert avec vos économies. Je me dois donc de respecter le travail. Plusieurs objets sont sortis de ce four : Des santons, des assiettes, des cavaliers, bibelots et statuettes sans importance.
Aujourd’hui est un autre jour. Vous m’avez quittée il y a longtemps, et je n’ai pour souvenir qu’une très belle photographie exposée au milieu de la cheminée.
Je pose à nouveau mes mains dans l’eau froide, et commence à modeler vôtre visage. Je ferme les yeux pour mieux vous imaginer et je sens sous mes doigts vôtre visage s’animer. C’est une véritable guerre que je me fais de vouloir vous faire revivre. Je sens vôtre présence à mes côtés, me regardant travailler. Vous m’apportez du thé et des gâteaux, me parler de problèmes du quotidiens que nous critiquons librement.
Tout en pensant à vous, je laisse courir mes doigts le long de vos épaules, et le buste prend forme. Je sèche les larmes de mes yeux clos.
J’effleure le four d’un revers de main. Moment Divin et incertain. Je dois vous voir en face tel que je vous sens. J’ouvre les yeux et mon regard s’illumine.
Vous êtes présentes devant moi .Je suis fière d’avoir réussi en vôtre jour anniversaire, le chef d’œuvre de ma vie